Accord historique sur le financement climatique : un pas “ambitieux” pour les pays en développement
Un accord mondial sur le financement climatique, négocié avec acharnement, a été conclu dimanche dernier. Les pays riches se sont engagés à mobiliser au moins 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour aider les nations en développement à réduire leur dépendance aux combustibles fossiles. Cet engagement, bien que salué comme une avancée, reste en deçà des besoins colossaux des pays vulnérables, estimés à plusieurs trillions de dollars sur la prochaine décennie.
Cet article explore les enjeux, critiques et perspectives d’un accord qui, malgré ses lacunes, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le changement climatique.
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Pourquoi un tel accord est-il nécessaire ?
Le financement climatique est crucial pour les pays en développement, car :
- Ils subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique, bien qu’ils soient parmi les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre.
- Les infrastructures nécessaires pour s’adapter aux catastrophes climatiques, comme les inondations et les sécheresses, coûtent cher.
- Le passage à une énergie propre requiert des investissements massifs que ces nations ne peuvent pas se permettre sans aide extérieure.
Selon une étude soutenue par l’ONU, 1 000 milliards de dollars par an seront nécessaires jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, dont 300 milliards provenant du financement public international. Cet engagement de financement climatique vise donc à poser une première pierre face à ces besoins exorbitants.
Des négociations sous tension
La conclusion de cet accord a été marquée par des tensions entre les pays développés et en développement. Parmi les critiques :
- Une somme jugée insuffisante :
Chandni Raina, négociatrice de l’Inde, a qualifié l’accord de “pauvre illusion”, tandis que Tina Stege, envoyée climatique des Îles Marshall, a souligné qu’il ne représente qu’une petite fraction des fonds nécessaires. - Un processus opaque :
Les nations les plus vulnérables, comme le bloc des Petits États Insulaires (AOSIS), ont dénoncé leur exclusion des discussions finales. - Un contexte géopolitique difficile :
Avec une montée des tensions internationales et la possibilité d’un retour de Donald Trump à la présidence américaine, les perspectives d’engagement climatique à long terme paraissent incertaines.
Un financement au-delà des promesses
L’accord introduit une nouveauté : les contributions volontaires des économies émergentes comme la Chine. Longtemps considérée comme un pays en développement, la Chine est aujourd’hui le plus grand pollueur mondial. Sous pression des États-Unis et de l’Union européenne, elle s’est engagée à contribuer via des institutions telles que la Banque mondiale.
Cette disposition marque un changement majeur en responsabilisant les puissances émergentes tout en évitant de reclasser leur statut, un point crucial pour préserver l’équilibre des négociations.
Une avancée mitigée sur les marchés carbone
En marge du financement, l’accord a également établi des règles pour les marchés mondiaux de carbone, un outil controversé mais prometteur. Bien conçus, ces marchés pourraient :
- Réduire les émissions en permettant aux pays de “compenser” leur pollution via des projets écologiques.
- Générer des fonds pour les pays en développement.
Cependant, des critiques subsistent concernant la transparence et la qualité des crédits carbone, souvent entachés par des fraudes.
Des défis persistants
Malgré cet accord, plusieurs défis restent à relever :
- Le fossé entre promesses et réalisations : L’engagement précédent de mobiliser 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025 n’a été tenu qu’en 2022. Cela soulève des doutes sur la concrétisation des nouvelles promesses.
- Un besoin de financement exponentiel : Le montant de 300 milliards devra être augmenté pour répondre à l’aggravation des catastrophes climatiques.
- La lenteur des actions sur les combustibles fossiles : Contrairement à l’accord de l’année dernière, cette nouvelle résolution ne mentionne pas explicitement l’élimination progressive des énergies fossiles.
Vers un avenir plus durable ?
L’accord, bien qu’imparfait, offre une base sur laquelle bâtir. António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a rappelé que ce financement représente un investissement crucial contre les ravages du dérèglement climatique.
Pourquoi est-ce un tournant ?
- Les pays développés sont désormais tenus de respecter des objectifs financiers spécifiques.
- Les économies émergentes, bien que volontairement, participent à l’effort global.
Cependant, la véritable question reste : ce financement sera-t-il suffisant et livré à temps pour éviter les pires conséquences climatiques ?
Conclusion : L’urgence d’agir
Le climat mondial ne peut attendre. Les engagements pris lors de cette conférence marquent un début prometteur mais insuffisant. Le prochain sommet, qui se tiendra au Brésil, sera crucial pour transformer ces promesses en actions concrètes.
En attendant, il est impératif que les pays riches traduisent leurs engagements en actions immédiates et ambitieuses pour éviter une catastrophe climatique mondiale.
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