Réduire les combustibles fossiles : un important double gain pour la santé et le climat
La combustion des combustibles fossiles ne se contente pas de réchauffer la planète ; elle pollue aussi l’air, endommage les écosystèmes et met notre santé en péril. Pourtant, les politiques climatiques actuelles négligent souvent les avantages colossaux qu’une réduction de la pollution de l’air pourrait apporter.
Un nouvel éclairage sur cette lacune est apporté par une étude récente. Elle révèle qu’aux États-Unis, des politiques visant la neutralité carbone pourraient générer des bénéfices en santé publique estimés entre 65 milliards et 128 milliards de dollars dès 2035, simplement grâce à une meilleure qualité de l’air.
Contents
- 1 Un air plus propre grâce à la décarbonisation
- 2 Biomasse : une fausse solution ?
- 3 Les technologies de capture et stockage de carbone : un pari incertain
- 4 Des bénéfices sanitaires et économiques majeurs d’ici 2035
- 5 Un argument supplémentaire pour l’action climatique
- 6 Des politiques climatiques intégrées pour un avenir plus sain
- 7 Conclusion : Le double dividende de l’action climatique
Un air plus propre grâce à la décarbonisation
Dr. Alex Barron, chercheur au Smith College (Massachusetts) et membre de l’équipe ayant conduit l’étude sur les combustibles fossiles, souligne :
“Une société décarbonée signifie un air plus propre. Mais les bénéfices dépendront largement de la manière dont les décideurs encadreront cette transition.”
Aux États-Unis, comme en Europe, des choix politiques et technologiques discutables continuent d’aggraver la pollution de l’air. Par exemple :
- L’illusion des carburants “écologiques” : En Europe, l’usage du diesel et du bois comme alternatives prétendument “vertes” a laissé de nombreuses communautés exposées à des niveaux élevés de pollution.
- Les voies de la décarbonisation : Aux États-Unis, six équipes ont modélisé différentes trajectoires pour réduire les émissions de CO₂ et la pollution de l’air. Résultat ? L’électrification associée aux énergies éolienne et solaire est plus efficace que d’autres options comme le gaz fossile ou la biomasse.
Biomasse : une fausse solution ?
La biomasse, bien qu’envisagée comme une alternative aux combustibles fossiles, présente des risques significatifs pour la qualité de l’air. Deux des modèles étudiés montrent que l’exploitation de terres non gérées pour cultiver des bioénergies augmente la pollution via :
- Des émissions accrues d’ammoniac provenant de l’utilisation de fertilisants.
- Une dégradation des sols et des écosystèmes.
Dr. Dan Loughlin, scientifique à l’Agence de Protection Environnementale des États-Unis et auteur principal de l’étude, explique :
“L’utilisation accrue de biomasse peut engendrer des émissions polluantes inattendues, réduisant ainsi les gains espérés.”
Les technologies de capture et stockage de carbone : un pari incertain
L’étude identifie également des incertitudes concernant les technologies de capture et stockage de carbone. Bien qu’elles promettent de réduire les émissions, leur efficacité réelle reste à prouver à grande échelle. De plus, si elles dépendent de la combustion d’énergie, elles pourraient annuler certains des bénéfices environnementaux qu’elles visent à atteindre.
Des bénéfices sanitaires et économiques majeurs d’ici 2035
En dépit des défis, les projections montrent que les politiques climatiques visant la neutralité carbone aux États-Unis pourraient rapidement améliorer la santé publique :
- Réduction des décès prématurés : Entre 4 000 et 15 000 vies pourraient être sauvées chaque année grâce à une baisse de la pollution atmosphérique.
- Bénéfices financiers directs : Les gains économiques liés à une réduction des décès prématurés (65 à 128 milliards de dollars en 2035) rivalisent avec ceux associés à la prévention des dommages climatiques.
- Zones les plus bénéficiaires : Les États du centre et du nord-ouest des États-Unis enregistreraient les plus grandes améliorations.
Un argument supplémentaire pour l’action climatique
Dr. Barron insiste sur l’importance de mieux intégrer ces bénéfices dans les analyses politiques :
“Nous découvrons chaque jour de nouvelles façons dont la pollution impacte notre corps et notre esprit. Il est probable que les avantages soient encore plus grands que ce que nous estimons aujourd’hui.”
En d’autres termes, un air plus propre est un bénéfice tangible, immédiat, et hautement valorisé par le public. Pourtant, les modèles actuels utilisés pour guider les politiques climatiques négligent souvent cet aspect, privant les décideurs et les citoyens d’une vision complète des avantages de la décarbonisation.
Des politiques climatiques intégrées pour un avenir plus sain
Cette étude met en lumière une opportunité cruciale : en réduisant la pollution de l’air et les émissions de carbone de manière simultanée, les décideurs peuvent maximiser les bénéfices pour la santé et le climat. Cela nécessite toutefois :
- Un cadre politique clair : Prioriser les technologies d’électrification propre et minimiser l’usage de solutions transitoires polluantes comme la biomasse.
- Une communication efficace : Faire comprendre au grand public que les politiques climatiques apportent des bénéfices immédiats, notamment en matière de santé.
- Des investissements audacieux : Soutenir massivement les énergies renouvelables et les technologies de stockage pour garantir une transition durable.
Conclusion : Le double dividende de l’action climatique
Réduire les combustibles fossiles n’est pas seulement une question de lutte contre le réchauffement climatique. C’est aussi une opportunité sans précédent pour sauver des vies, réduire les coûts de santé publique et améliorer la qualité de vie des populations.
Alors que les décideurs américains visent la neutralité carbone d’ici 2050, cette étude sur les combustibles fossiles montre que les bénéfices immédiats d’un air plus propre devraient être au cœur des discussions. Une transition bien orchestrée vers un avenir décarboné pourrait transformer nos sociétés, non seulement pour le climat, mais aussi pour la santé collective.
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